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La nécessaire union contre le trio capitaliste-impérialiste-colonialiste

28 avril 2015

28. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

28.
DE LA PAIX À LA GUERRE…

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 

5 - 27. Les faux démocrates français
contre la démocratie directe libyenne 

 

      Quant à la réaction de Muammar Gaddhafi, la diplomate libyenne, Zohra Mansour, se souvient : « Il a été stupéfait que Sarkozy s’ingère dans ce conflit. » Ahmed Gaddhaf El Dam (conseiller de Muammar Gaddhafi) : « Ils n’ont même pas cherché à dialoguer. Aucun émissaire français n’est venu sur place, en Libye. Il semble qu’il y avait déjà un plan pour se débarrasser de Gaddhafi. »
     
D’ailleurs, des membres de l’UA (Union Africaine), qui voulaient se déplacer, par avion, en France, ont été tout simplement menacés physiquement. Voici ce que monsieur Kofi Yamgnane dévoilera, plus tard, lors d’un entretien : « Lorsqu’un président de la république française interdit – moi, je suis tombé sur mon sur mon sur le dos quand j’ai entendu ça. Vous savez que l’Union Africaine, qui était, à l’époque, présidée par son Excellence le président Obiang (Intervention du questionneur : Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée Équatoriale…) de la Guinée Équatoriale, avait, à propos de la Libye, avait une solution négociée à proposer. Ils ont formé une délégation pour y aller et Sarkozy leur dit : « Je vous interdis de monter dans l’avion parce que si vous passez l’espace, je vous flingue. » [https://www.youtube.com/watch?v=66vakaVFOcg « Libye Sarkozy a menacé de mort les présidents africains qui souhaitaient négocier avec kadhafi »]

     
Muammar Gaddhafi en habit brun, toujours avec sa chéchia noire, s’adresse au président Sarkozy : « La France se prend pour qui ? Elle veut nous attaquer ? Tu penses qu’attaquer la Libye est facile, espèce de crétin ! » Applaudissements et acclamations très importantes dans la salle. « Nous, on va t’attaquer ! Tu veux attaquer ? Essaye pour voir ! » Il faudra une dizaine de jours à la France pour se rendre compte qu’elle n’arrivera pas toute seule à venir à bout du peuple libyen. L’OTAN prendra le relais, dès la fin mars, et bombardera la population civile comme militaire puisqu’il s’agissait, en Libye, d’un peuple en armes.

     
Vue sur les véhicules militaires libyens portant le drapeau vert de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste. Les tanks roulent sur une route traversant le désert. Voix off : « Fou de rage, le dictateur commet l’erreur d’envoyer ses chars contre la ville rebelle de Benghazi. » Fallait-il laisser les prétendus manifestants, les prétendus rebelles attaquer, à main armée, les autorités policières et militaires du pays, les commissariats de police et les casernes ? Que ferait un président de la république, dans le cas où la police et l’armée françaises seraient attaquées ? Rien ?
     
Message de Muammar Gaddhafi à la radio : « C’est bon, l’affaire est réglée ! Nous arrivons ! Pas de pitié ni de clémence pour eux ! » L’attaque, à main armée, contre les autorités libyennes, était un crime de haute trahison passible de la peine de mort.

 

Françoise Petitdemange

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28 avril 2015

27. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

27.
DE LA PAIX À LA GUERRE…

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 

5 - 26. L’ingérence française
dans les affaires politiques du peuple libyen

 

      Voix off : « Un coup de théâtre. Le président saute sur l’occasion de reconnaître ses opposants comme le seul pouvoir légitime de Libye. Sa décision revient tout bonnement à destituer le dictateur honni. Cela vaut bien de prendre quelques risques. En effet, nul ne connaît la capacité de ce CNT (Conseil National de Transition) à gouverner demain. Nul ne sait quel poids pèsent au juste les islamistes. »
     
Natalie Nougayrède, journaliste au Monde : « Les Français se mettent en avant d’une façon spectaculaire qui heurte profondément et qui n’est pas comprise, qui n’est pas comprise, ni par les Britanniques, nos nos… qui vont devenir nos alliés : ils sont sidérés. Je ne parle même pas des autres partenaires européens : les Allemands sont… Merkel est furieuse. Les Américains sont encore plus sidérés ; d’ailleurs, les Américains, pendant très longtemps, vont, vont, vont continuer de poser la question : « Qui sont ces gens ? Qui sont ces gens ? » Et, disposant évidemment d’informations précises sur le passé de certains et très-très inquiets, à Washington, de la composante islamiste, du risque de dérapage de ce qu’il adviendrait de tout cela. » Ce témoignage de la journaliste montre que les citoyens et citoyennes en France ont été trompé(e)s quant à la prétendue « Union sacrée » des autres pays avec le nôtre.
     
Henri Guaino : « Bien sûr, c’était un risque. Et même, éventuellement, une menace sur l’avenir. Enfin, on avait le choix entre soutenir ce Conseil National de Transition et ses, tous ceux qui l’entouraient. Forcément, dans ceux qui l’entouraient, puisqu’il y avait toutes les forces hostiles au régime, il y avait aussi des forces plus ou moins menaçantes. Mais ? C’était ça ou Kadhafi. » N’était-ce pas au peuple libyen de décider, monsieur Guaino ?

Françoise Petitdemange


28 avril 2015

26. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

26.
DE LA PAIX À LA GUERRE…
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


5 - 25. Un agent de la CIA

 

      Ali Zeidan, un exilé qui vit depuis longtemps aux États-Unis, est devenu tout à coup le dirigeant du Conseil National de Transition d’un pays qu’il n’a pas contribué à développer. Il raconte comment le président français crache sur l’ami d’hier… « Il a commencé par nous parler de la visite de Kadhafi à Paris. Il nous a dit : « Kadhafi était le président d’un pays, qu’il fallait le recevoir. Je l’ai reçu. Vous comprenez ? Je n’étais pas sûr de lui faire confiance à cause du passé mais, bon, je n’avais pas le choix. Maintenant que le peuple libyen a fait un autre choix, je suis prêt à vous aider. » Et puis Sarkozy nous a dit qu’il reconnaissait le CNT comme unique représentant du peuple libyen. » Ce récit montre les ignorances du président français que l'exilé de retour, made in CIA, ne rectifie pas. Et puis cette phrase du président français : « Maintenant que le peuple libyen a fait un autre choix, je suis prêt à vous aider. » Mais comment le peuple libyen, avait-il fait « un autre choix » ? Il avait tenu un CGP (Congrès Général du Peuple) ? Il s’était prononcé de quelque manière que ce fût ? Comment un étranger - fût-il président de la république - pouvait-il reconnaître un organisme sur lequel le peuple libyen n’avait pas eu le droit de s’exprimer ?… C’est d’un coup d’État qu’il s’agit, mené contre la GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste), contre la démocratie directe, pour reprendre le pouvoir des mains du peuple libyen.
     
BHL : « Il ne le croyait tellement pas. « Tout ça, naturellement, je suppose, doit être secret… » Et Sarkozy feint de réfléchir, regarde Lévitte, (Puga ?), « …secret, oui, je ne sais pas, non ! ». »

 

Françoise Petitdemange


 

27 avril 2015

25. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

25.
DE LA PAIX À LA GUERRE…

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


5 - 24. Polichinelle, l’agent israélien

 

      Voix off : « Et voilà que le 5 mars, le président reçoit l’appel providentiel d’un donneur de leçons du Café de Flore qu’il vitupérait en 2007. Bernard-Henri Lévy, le philosophe médiatique se trouve à Benghazi, fief de l’insurrection, auprès des chefs des rebelles ».
      Le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte rapporte les propos de Bernard-Henri Lévy lors d’une conversation téléphonique avec le président Sarkozy : « Je suis avec les nouveaux dirigeants du Conseil National de Transition qui vient de se créer. » Et puis Bernard-Henri Lévy dit la suite : « Accepteriez-vous, et puis, accepterais-tu - on est vite repassés au tutoiement d’autrefois - de les recevoir. Il m’a répondu : « Oui, naturellement. ». »
      Mais… quel mandat de représentant du peuple français, quelle fonction gouvernementale avait ce BHL pour mettre en place son projet libyen et forcer amicalement la main du président ? Quel mandat de représentant du peuple libyen avait-il pour prendre les commandes du pays, via une poignée d’opposants et de parvenus ? Le président français, lui, va s’empresser de recevoir des personnes non mandatées par le peuple libyen.



Françoise Petitdemange


27 avril 2015

24. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

24.
DE LA PAIX À LA GUERRE…
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


5 - 23. Une “destitution” de type colonial
pour évincer le peuple libyen

 

       Voix off : « Calculs et convictions, sans doute, se mêlent. Début mars, le président fait planifier une action militaire. Seul ou presque, parmi les dirigeants occidentaux. Car nul ne sait comment intervenir dans une situation de plus en plus chaotique. Par qui remplacer le dictateur ? » Un groupe brandit le drapeau du roi Idriss 1er. Parmi ce groupe, se trouvent des jeunes, qui font le V de la victoire. Mais que savent-ils de l’époque de la monarchie ? Certains d'entre eux n’étaient pas nés. En 2011, les Libyens, en grande majorité, n’étaient pas pour la contre-révolution, pour le retour de ce drapeau souillé par la collaboration avec l'occupant, pour le départ de Libye du Guide révolutionnaire… Il est plus facile, idéologiquement, pour les hommes et femmes politiques des pays capitalistes, de parler du remplacement de ce qu'ils-elles appellent un « dictateur », que de parler du remplacement d'un Guide révolutionnaire. Il est plus facile, aussi, pour ces mêmes hommes et femmes politiques des pays capitalistes, de parler du remplacement des autres dirigeants que de leur propre remplacement... Muammar Gaddhafi, qui était Guide révolutionnaire historiquement, était, par ce fait même de l’histoire, irremplaçable. Il s’agit, en 2011, d’un coup d’État contre-révolutionnaire sanglant fomenté par Nicolas Sarkozy, par vengeance personnelle contre Muammar Gaddhafi, mais aussi pour arracher le pouvoir au peuple libyen, pour détruire la démocratie directe.

 

Françoise Petitdemange


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26 avril 2015

23. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

23.
DE LA PAIX À LA GUERRE…

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN
 


5 - 22. Pour qui travaille le président français ?

 

      Sur fond de drapeau bleu-blanc-rouge, apparaît cette annonce : « Allocution de monsieur le président de la république Dimanche 27 février 2011. » (La Marseillaise à l’appui.) Nicolas Sarkozy, devant la bibliothèque de l’Élysée [sic], prépare “l’opinion” à la guerre… « Mes chers compatriotes. C’est mon devoir de prendre les décisions qui s’imposent quand les circonstances l’exigent. Nous avons donc le devoir d’agir face à la crise libyenne dont les conséquences pourraient être très lourdes pour la stabilité de toute la région. » Ce « devoir d’agir », n’est-ce pas un ordre donné par… le CRIF, par exemple ? De quelle « stabilité de toute la région », parle-t-il ?... Parle-t-il d'une stabilité au profit d'Israël qui ne cesse de bombarder le peuple palestinien ? Quatre ans après les efforts de « stabilité » déployés par Nicolas Sarkozy, c’est le chaos dans les pays arabes et africains.
     
     
Jean-David Lévitte (conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy), lui, se souvient d’une autre guerre : « Le président de la république, heu, lui, heu a été mobilisé tout de suite, a très bien compris que que cette affaire allait tourner à la tragédie, heu, avec des dimensions effroyables. Heu… Et, et le le souvenir que j’en garde, c’est qu’il m’avait demandé, heu, à l’époque, heu, comment s’était déroulée l’affaire de Srebrenica puisque j’étais auprès du président Chirac à l’époque. » Comment monsieur Lévitte, peut-il parler d’une « tragédie » supposée que le président Sarkozy voulait éviter en larguant des bombes sur le peuple libyen ? Puisque monsieur Lévitte se souvient, autant qu’il se souvienne jusqu’au bout… Après l’éclatement programmé, notamment par le FMI (Fonds Monétaire International), de la République Fédérative Socialiste de Yougoslavie, en 1992, suivi d’une guerre, en mars 1994, et d’un massacre pudiquement appelé L'« affaire de Srebrenica », en juillet 1995, que faisait Bernard Kouchner, comme représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies, au Kosovo, entre le 15 juillet 1999 et le 15 janvier 2001 ? Après la mort du Guide révolutionnaire et la fin des bombardements qui ont été délibérément effectués pour anéantir l’armée jamahirienne, et donc le peuple, la « tragédie », que le président français prétendait éviter avec des bombes, se poursuit.



Françoise Petitdemange

  

26 avril 2015

22. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

22.
DE LA PAIX À LA GUERRE…
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 

5 - 21. La guerre extérieure en Libye
pour faire diversion à l’intérieur de la France…

 

      Voix off : « Comme tous les dirigeants occidentaux, le président s’empresse de condamner le désormais indéfendable Guide libyen : ses mots ont bien peu de poids. Alors que les printemps arabes ont la sympathie de l’opinion, le souvenir de sa lune de miel avec le dictateur sanglant est devenu gênant. Ce bilan diplomatique terni tombe au plus mal car, dans un an, il remettra en jeu son mandat. Et si, au contraire, il tirait avantage de la situation pour se re-présidentialiser. C’est ce que lui suggère de faire un de ses conseillers. » De quels « printemps arabes » et de quelle « opinion » s’agit-il ? Les médias parlent d’« effet dominos »… Donc, ils savent qu’il y a, derrière tout ceci, un programme de déstabilisation des pays arabo-africains qui entourent la Libye et des pays arabes comme la Syrie : ils contribuent, par l’idéologie véhiculée à coups de mensonges répétés et d'images composées, aux renversements des régimes en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie...
     
Propos de Patrick Buisson [reconstitution] : « La situation internationale nous permet de tenter une opération politique dictée par les événements. Le message de dimanche soir […] est extrêmement important. C’est de là que peut s’amorcer la reconquête… » Voilà ! La politique se fait sous la forme d’« opération politique » et de « reconquête ». Où est la démocratie, dans tout cela ?

 

Françoise Petitdemange


26 avril 2015

21. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

21.
DE LA PAIX À LA GUERRE…
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


5 - 20. De quoi se mêle le président français ?

 

      Le président Nicolas Sarkozy prend la parole face à une assemblée, avec, sur sa droite, le drapeau européen et le drapeau français : « Et qu’est-ce qui s’est passé au Moyen-Orient ? Une chose extraordinaire. C’est que les peuples arabes ont décidé, sans violence, de prendre leur destin en mains. Ces peuples aspirent à la démocratie, au progrès social, alors que, jusqu’à présent, on avait plutôt des régimes autoritaires, dont nous avions des rapports avec eux, parce qu’ils étaient laïcs et parce qu’il n’y avait pas d’autre solution d’alternative crédible. Aujourd’hui, il y a cette alternative. » La Constitution de 1958 étant une Constitution anti-démocratique par excellence qui donne un pouvoir exorbitant au président de la république, le peuple français devra prendre son destin en mains. Car, pour l’alternative, il a déjà donné. Il faut que ces hommes et ces femmes qui squattent les fonctions politiques et économiques, depuis des décennies, s’en aillent… En Libye, s’il y a une... alternative, elle ne peut venir que des opposants qui, depuis des décennies, tentent de reprendre le pouvoir des mains du peuple en menant des attentats, à main armée, et en semant la mort dans le peuple jamahiriyen avec, pour but, d'assassiner Muammar Gaddhafi.
     
Voix off : « Il se trouve en Turquie lorsqu’il réagit à une stupéfiante nouvelle. Début 2011, des révolutions ont balayé deux membres éminents de son UPM [Union Pour la Méditerranée] l’Égyptien Moubarak et le Tunisien Ben Ali. » Après la déstabilisation de la Côte d’Ivoire, les pays situés, de chaque côté de la Libye, se trouvent eux aussi déstabilisés jusqu’à provoquer la fuite des présidents tunisien et égyptien. Images d’un groupe de manifestants : l’un brandit un exemplaire du Livre Vert qu’il déchire ; l’autre brandit le portrait d’un jeune homme avec des inscriptions en arabe ; un pied marche sur une affiche représentant le visage de Muammar Gaddhafi. Ils savent qu’ils sont filmés… Voix off : « Et voici que les Libyens, à leur tour, se soulèvent contre leur dictateur. Lui n’hésite pas à faire mitrailler la foule de ses opposants. »
     
Toujours depuis la Turquie, le président Nicolas Sarkozy déclare catégoriquement : « Notre position est claire. Monsieur Kadhafi doit partir. » Déjà, il était clair que l’accusation, disant que Muammar Gaddhafi faisait tirer sur sa population, était inexacte. Par ailleurs, au nom de quoi, le président français peut s’ingérer dans les affaires de la GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste), de l’État libyen, c’est-à-dire de la démocratie directe, c’est-à-dire du peuple libyen ? Au nom de quoi, ce président peut chasser un homme de sa terre natale ? Et de quel droit Nicolas Sarkozy, pouvait-il exiger le départ du Guide ?

 

Françoise Petitdemange


26 avril 2015

20. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

20.
DE LA PAIX À LA GUERRE…

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

4 - 19. L’UPM (Union Pour la Méditerranée), 13 juillet 2008 :
une règle du jeu modifiée

      Sommet de Paris pour la Méditerranée - 13 juillet 2008 : Nicolas Sarkozy apparaît entre Jean-David Lévitte, son conseiller diplomatique, et Bernard Kouchner. Les invités arrivent… Nicolas Sarkozy fait l’accolade à Hosni Moubarak.
     
Voix off : « L’année suivante, en juillet 2008, le président accueille à Paris le sommet fondateur de son Union Pour la Méditerranée devant une quarantaine de chefs d’États. »
     
Cependant, le projet de départ a complètement changé… Ce qui est passé sous silence dans le documentaire... Jean-David Lévitte (conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy) : « Le seul qui, heu… fidèle à sa, son imprévisibilité, heu… a décidé de déclarer forfait, c’est finalement Kadhafi. Et non seulement il a déclaré forfait, mais il a boudé en disant : « Ce n’est pas comme ça qu’il fallait le faire. ». » Pour « bâtir une Union méditerranéenne », il fallait s’en tenir aux pays méditerranéens. Il ne fallait pas, à la fois, obliger les pays du nord de l’Afrique à accepter, dans le groupe, tous les pays européens, y compris ceux qui, comme l’Allemagne, étaient loin de la Méditerranée, et rejeter du groupe, dans le même temps, les autres pays de l’Afrique qui n’avaient pas de côtes méditerranéennes ! Il ne fallait pas non plus forcer la main des Arabes en les obligeant à reconnaître l’État d’Israël au détriment de l'existence du peuple palestinien. Ce projet allait bientôt se présenter, aux regards des chefs d’États africains - et pas seulement au regard de Muammar Gaddhafi - comme une tentative, d’abord française, puis européenne, de court-circuiter le projet de l’UA (Union Africaine), de séparer les pays d’Afrique du Nord des autres pays africains, et de faire exploser les États-Unis d’Afrique en voie de création. Après l’échec de son projet d’« Union Pour la Méditerranée », Nicolas Sarkozy, au lieu de s'interroger sur cet échec, n’a cessé de ruminer sa colère et de fomenter des guerres civiles : en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Égypte, en Syrie, en Libye… Il a détruit ce pays, bombardé le peuple libyen, et semé la haine de l’Afrique du Nord à l’Afghanistan.
     
La diplomate libyenne, Zohra Mansour,  : « Ce qui a mené Muammar Gaddhafi à la rupture avec Sarkozy, c’est la quête de leadership de Sarkozy. Pour Muammar Gaddhafi, les pays africains sont au nombre de 54 : ils sont plus nombreux que les pays européens. »

      Vue sur une assemblée installée dans des fauteuils verts. Muammar Gaddhafi, toujours dans son habit traditionnel brun, avec sa chéchia noire sur la tête, est installé, lui aussi, dans un fauteuil vert, en face de l’assemblée, derrière une table basse sur laquelle se trouvent une demi-douzaine de micros, peut-être un magnétophone, et une boîte de mouchoirs. La rencontre a lieu dans la tente. Un Libyen de l’assemblée, en habit traditionnel et couvre-chef blancs, parle dans un micro, juste devant le premier rang. Pourquoi donc son intervention, n’est-elle pas traduite dans le documentaire ?…
     
Voix off : « Préférant rester maître sur son continent, le dictateur multiplie les déclarations hostiles à l’Union pour la Méditerranée. Fragilisée, dès ses débuts par l’absence de la Libye, cette Union ne verra jamais le jour. » L’« Union Pour la Méditerranée » aurait pu se faire sans la Libye, si les chefs des autres États africains n’avaient pas compris, eux aussi, que le Français Sarkozy et, d’une façon plus générale, les Européens avaient, entre-temps, modifié la règle du jeu à leur avantage exclusif.
     
« À Paris… » Voix off : « L’aventure libyenne est, pour le président, un échec cuisant. Elle a mis en lumière ses défauts, son exercice solitaire du pouvoir, un certain amateurisme. Cela explique, sans doute, qu’elle coïncide dans les sondages avec le début d’une impopularité durable. Dans les trois années suivantes, le président ne veut plus entendre parler du dictateur. Jusqu’à un certain jour de février 2011. »

 

Françoise Petitdemange


26 avril 2015

19. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

19.
DE LA PAIX À LA GUERRE...

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

4 - 18. La trahison manifeste
de l’équipe française au pouvoir

 

      Vue sur le brasero et la tente. Des Femmes en armes veillent... Voix off : « De l’autre côté de la rue, pour le dictateur, c’en est trop. Il attendait que cette visite consacre sa respectabilité. Au lieu de cela, on l’injurie. On le juge pitoyable. Il soupçonne le président lui-même de le trahir. Car, enfin, un ministre, peut-il agir sans l’accord de son chef ? Devant ses conseillers, il entre dans une colère terrible. »
     
Ahmed Gaddhaf  El Dam (conseiller de Muammar Gaddhafi) : « Kadhafi a été trompé par Sarkozy. Lui était clair comme de l’eau de roche et Sarkozy s’est comporté avec fourberie. »
     
La diplomate libyenne, Zohra Mansour, dira plus tard au sujet de ces étranges comportements d’alors : « C’était une attitude contraire à toute diplomatie. Pour nous, musulmans et diplomates, c’était un comportement inadmissible. »
     
Ahmed Gaddhaf El Dam soulèvera lui aussi un problème crucial : « S’il le détestait, pourquoi l’invitait-il en France ? l’accueillait-il chaleureusement ? Pourquoi était-il venu le visiter en Libye ? Tout ça, c’était de l’hypocrisie, [de l’hypocrisie]. » Ahmed Gaddhaf El Dam répète (ce qui n’est pas traduit :) « de l’hypocrisie ». Il est désolé…
     
En fait, les hommes et femmes politiques français(es), à la tête d’un pays capitaliste endetté jusqu’au cou, ne pouvaient ignorer le faible endettement de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste, et n’étaient intéressé(e)s que par une seule chose : faire signer à la Libye des contrats.

     
Le président Sarkozy, dans un salon de l’Élysée, se trouve face à la presse.
     
Voix off : « La situation s’envenime encore lorsque le président tente désespérément de désamorcer la polémique qui agite la France. »
     
Nicolas Sarkozy : « C’est bien beau les leçons de droits de l’homme et les postures entre le Café Flore et le Zénith. Mais ces postures… elles sont restées pendant huit ans, ces malheureuses infirmières. J’ai dit au président Kadhafi combien il fallait continuer à progresser sur le chemin des droits de l’homme, dans tous ses aspects, tout ce qu’il restait à faire. » (Peu d’applaudissements.) Même le président français est ignorant du statut de Muammar Gaddhafi !

     
Voix off : « Maintenant, ce président lui fait publiquement la leçon. La coupe est pleine ». Muammar Gaddhafi se rend, de sa tente au palais de l’Élysée, portant lui-même son parapluie. Quel « dictateur » porterait son parapluie et se déplacerait ainsi, accompagné d’un seul homme : un Africain à la peau noire ?
     
Voix off : « La vengeance est un plat qui se mange froid. Aussi, le dictateur ne laisse rien paraître de son courroux lorsqu’il va retrouver son hôte. »
     
Jean-Luc Sibiude (ambassadeur de France en Libye) : « Le dernier entretien qui s’est fait… Sarkozy a tenu à le recevoir. Je ne sais plus très bien. Mais, en tout cas, c’est le président Sarkozy qui lui a dit : « Je suis désolé si la presse vous a mal accueilli », etc. Et Kadhafi, très grand seigneur, lui a répondu : « Mais, écoutez, ça, vous n’y êtes absolument pour rien. La presse est libre dans votre pays. » Il a dit : « C’est votre problème ; la presse française, ce n’est pas mon problème. Moi, je vais faire une virée avec la mienne, à mon retour, mais je n’ai aucun souci. » Il l’a même dit en plaisantant : « Je n’ai aucun souci avec ma presse. » (Jean-Luc Sibiude rit de bon cœur.)

     
Voix off : « Justement, la presse française à laquelle il a promis une interview va être l’instrument de sa vengeance. » Dans la tente de Muammar Gaddhafi, le journaliste, David Pujadas, pose une question : « Alors, cette visite, en France, provoque, ici, un un vif débat et le boycott de certains élus, comment réagissez-vous à cette controverse ? » Muammar Gaddhafi : « En fait, je ne suis pas au courant. Je n’ai pas lu la presse et je n’ai pas la télévision. » Le journaliste pose une autre question : « Le président Nicolas Sarkozy a indiqué, hier, qu’il vous avait demandé de progresser sur le chemin des droits de l’homme. » Muammar Gaddhafi : « Non, non, moi et le Président Sarkozy, nous n’avons pas évoqué ces sujets. Nous sommes des amis, nous coopérons… » Tout ce que dit Muammar Gaddhafi n’est pas traduit… Étrange… Le journaliste : « Ça n’a pas été évoqué ? » Muammar Gaddhafi : « Absolument pas, pas un instant. »

Françoise Petitdemange


 

26 avril 2015

18. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

18.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 

4 - 17. Après la secrétaire d’État, le ministre…

 

      Le député Arnaud Montebourg s’exprime à la tribune de l’Assemblée nationale, avec, derrière lui, François Hollande et Jean-Marc Ayrault, et, devant lui, des gradins plus qu’à moitié vides… Il apostrophe, dans cette Assemblée nationale quelque peu déserte, le ministre des Affaires étrangères et européennes : « Cette visite tourne à la farce tragi-comique. Que des relations diplomatiques normales soient établies avec la Libye, cela se conçoit. Mais que la France fasse le cadeau d’une réhabilitation à grands frais, c’est une maladresse qui nous coûtera. Monsieur le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, jusqu’où irez-vous dans la négation de vous-même ? » L’homme du perchoir : « La parole est à monsieur le ministre des Affaires étrangères et européennes. » Vue sur Rama Yade faisant la trogne. Voix off : « Jusqu’à présent, le chef de la diplomatie, caution humanitaire du président, s’était prudemment tenu à l’écart de la visite controversée. » Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner, va lui répondre en faisant un virage à 180 degrés : « Vous avez cité un certain nombre des prises de position de monsieur Kadhafi, sachez que je les réprouve. Lorsqu’il a parlé des droits de l’homme, ici, c’est-à-dire des droits de l’homme dans notre pays, en Europe, c’était assez pitoyable. » Plus tard, l’homme-girouette, Bernard Kouchner, se sentira obligé d’en rajouter  : « Voilà, je dis : « C’est pitoyable ». Oui, c’est pitoyable. Voilà. C’est ce que je pense. Mais je n’avais pas changé lorsque Nicolas Sarkozy m’a proposé d’être ministre des Affaires étrangères, il savait très bien à qui il demandait. Je sentais bien que tout ça l’avait agacé et que, bien sûr… »

 

Françoise Petitdemange


 

26 avril 2015

17. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

17.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 
4 - 16. Les droits de l’homme, en France, heu…

 

      Muammar Gaddhafi arrive au milieu d’un groupe de personnes. Puis il lève les bras, souriant, face à une salle bondée qui brandit des portraits de lui. Voix off : « Face à la multiplication des critiques, le susceptible dictateur riposte en organisant à l’UNESCO un meeting à sa gloire. » Le « susceptible dictateur » ne riposte rien du tout. Muammar Gaddhafi évoque à l’Unesco la vieille scie utilisée, contre lui, depuis des décennies : « les droits de l’homme »« Ils font de la surenchère sur les droits de l’homme. Les droits de l’homme ! Mais comment osent-ils ? Avant de parler des droits de l’homme dans vos pays, il faudrait encore que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits ! » Même si cela ne plaît pas à tout le monde, il est applaudi. Muammar Gaddhafi a tout à fait raison de renvoyer la question sur les pays qui n’ont cessé d’accuser la Libye d’être un État terroriste. Ahmed Gaddhaf  El Dam (conseiller de Muammar Gaddhafi) : « Nous n’avions prévenu personne de cette initiative. Et je peux vous dire que les Français qui organisaient la visite ont été très vexés par le discours de Frère Muammar. » Donc, ce sont des Français - et non le « susceptible dictateur » - qui ont organisé la visite à l’UNESCO. Sauf à être de mauvaise foi… Muammar Gaddhafi, n’avait-il pas raison de renvoyer, sur ceux et celles qui le critiquent, le non respect des droits de l’homme à l’égard des immigrés vivant en France ?

 

Françoise Petitdemange


26 avril 2015

16. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

16.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


4 - 15. Un pseudo-intellectuel qui cause sans savoir


      Aux Informations de FR3, “la” question est posée : « Une visite qui dérange. Des voix qui s’élèvent. C’est la question du jour : “Le président libyen, est-il oui ou non le bienvenu ?”. » Vue sur le fond de l’invitant et de l’invité, avec un portrait de Muammar Gaddhafi et la question inscrite : « Le président libyen est-il Oui ou Non le bienvenu ? » En France, à FR3, il y a encore des gens qui croient, en 2007, que Muammar Gaddhafi est toujours « le président libyen ». L’invité ? Bernard-Henri Lévy, bien sûr… Mais est-il bien placé pour parler d’un pays arabo-africain ? BHL : « C’est une erreur et c’est même incompréhensible. » Le journaliste : « Nicolas Sarkozy dit qu’il a changé. » BHL : « Mais c’est faux ! L’affaire des infirmières bulgares. Quand on prend cinq otages, qu’on les torture, qu’on les martyrise pendant des années, et qu’on les rend contre rançon, ça s’appelle comment ? » BHL oublie de dire pourquoi elles ont été arrêtées en Libye ? comment elles se comportaient dans cet État laïc mais dont la population est à majorité musulmane ? Il oublie de parler du “médecin palestinien” (c'est-à-dire de l'interne égypto-libyen), et de dire que les premières victimes n’ont pas été les infirmières bulgares et ledit “médecin palestinien” mais des centaines d’enfants et des adultes, dont des mères de ces enfants, qui ont été touché(e)s par le virus du sida et que des dizaines d’enfants libyens sont morts à l’hôpital de Benghazi où travaillaient les cinq infirmières bulgares et l'interne, étudiant en médecine. Les infirmières et l'étudiant en médecine, ont-il(elles) été utilisé(e)s, à leur insu, pour déstabiliser l’État libyen, ou étaient-il(elles) chargé(e)s de le déstabiliser, en inoculant le virus du sida à des enfants, dans la région la plus turbulente de Libye ? Qui était derrière ces infirmières et cet étudiant pour tenter d'obtenir que le peuple se retournât contre le Guide révolutionnaire ? Le prétendu philosophe qui se croit malin, il faudrait qu’il le dît !

 

Françoise Petitdemange



26 avril 2015

15. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

15.
DE LA PAIX À LA GUERRE...

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


4 - 14. Des opposants… pacifiques ?
Des familles de victimes… victimes de qui ?

 

      Voix off : « Les rues bloquées exaspèrent les Parisiens. La pompe déployée pour un dictateur choque les Français. Ils assistent à des scènes comme celle-là. » Sur quoi, le mot générique « les Français », est-il fondé ? Des policiers interpellent des hommes et les fouillent… manifestement, pour savoir s’ils ne portent pas d’armes sur eux : Muammar Gaddhafi et la délégation libyenne sont les invité(e)s de la France et leur sécurité est de la responsabilité de celle-ci. Voix off : « De pacifiques opposants en exil, séquestrés dans un car des heures durant, afin d’éviter que le dirigeant libyen ne les aperçoive sur son passage. » « De pacifiques opposants », vraiment ? Comment la commentatrice, peut-elle penser faire accroire que Muammar Gaddhafi aurait le temps d’apercevoir ces opposants… sur son passage ?
     
Vue sur le convoi. Voix off : « Les plus sidérés sont les proches des 170 victimes de l’attentat commis sur ordre du dictateur contre un avion français en 1989. » Où est « l’ordre du dictateur » ? S.O.S. Attentats et Béatrice Boëry, sœur de l'une des victimes, qui ont accusé Muammar Gaddhafi, personnellement, ont été débouté(e) de leurs prétentions : la Cour de Cassation a cassé et annulé, le 13 mars 2001, l'arrêt de la Chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Paris. D'ailleurs, les familles des victimes, elles-mêmes, ont émis des doutes sur la culpabilité de la Libye. Étrangement, le commentaire ne parle pas du bombardement de la Libye par des avions anglo-saxons, en 1986, qui ont tué des civil(e)s libyen(ne)s. Quant à la CIA, qui accuse toujours les autres…
     
Voix off : « Quatre ans auparavant, le dictateur a consenti à indemniser les familles des victimes du DC 10 d’UTA, mais il refuse toujours d’extrader les auteurs de l’attentat parmi lesquels son propre bras-droit. » Le 9 janvier 2004, le collectif, représentant les familles des victimes de l’explosion du DC 10 de l’UTA au-dessus du Ténéré (Niger), a signé un accord avec les représentants de la « Fondation de Saïf al-Islam Kadhafi » pour toucher des indemnisations : un million de dollars pour chaque victime, soit 170 millions, que la Libye a payés pour en finir avec les sanctions qui ont suivi les accusations lancées sans apporter la moindre preuve et pour avoir, enfin, la paix ! Que demander de plus ? L’extradition de qui ? De Libyens accusés sans preuve ?
     
Quelques images des familles des victimes du DC 10 d’UTA qui sortent de l’Élysée... Voix off : « Résumons. Le président invite le dictateur pour sauver des victimes bulgares, refuse de recevoir d’autres victimes, françaises, du terrorisme libyen, les reçoit finalement et se pose lui-même en victime. » La commentatrice va un peu vite lorsqu’elle parle des « victimes bulgares »… Elle va un peu vite aussi lorsqu’elle parle des avions qui ont explosé en plein vol et qui sont tombés, l’un à Lockerbie, en Écosse, en 1988, et l’autre, dans le désert du Ténéré, au Niger, en 1989, « victimes » « du terrorisme libyen » : il faut rappeler qu’aucune preuve de la culpabilité de la Libye n’a été apportée dans l’explosion de ces deux avions. À l’époque, beaucoup d’avions étaient cibles d’attentats… Pour l’avion qui est tombé en Écosse, c’est la CIA qui s’est chargée de l’enquête, qui a importé des pièces sur le lieu du crash… et qui a accusé la Libye. Pour l'avion tombé au Niger, un passager, qui a débarqué de l'avion, lors d'une escale avant l'explosion, n'a pas eu à justifier son départ. Après la mort de Muammar Gaddhafi, deux avions ont eu des problèmes : l’un s’est écrasé en Ukraine, l’autre a disparu en Malaisie. Était-ce, est-ce le fait de Muammar Gaddhafi ? de l’État libyen ? Pourquoi personne ne demande des comptes aux États-Unis, à la CIA, par exemple, ou… au Mossad ? Guillaume Denoix de Saint Marc, représentant des familles du DC 10 d’UTA : « J’aimerais qu’il s’en aille, heu… » À noter le « Je » du représentant des familles.


Françoise Petitdemange


26 avril 2015

14. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

14.
DE LA PAIX À LA GUERRE...

CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

4 - 13. Le Guide révolutionnaire fait honneur à Paris

 
     
L’avion « Afriqiyah » roule sur la piste d’atterrissage.
      Voix off : « Et en fin d’une matinée pluvieuse, le dictateur finit par débarquer à Orly, à la tête de ses amazones et d’une suite de deux cents personnes. » Il revient à Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, d’accueillir le Guide révolutionnaire et la délégation libyenne avec les Femmes en armes. Le cortège de voitures roule sous la pluie, escorté par des motards. Apparaît la berline blanche, ornée des drapeaux verts à l’avant, dans laquelle se trouve Muammar Gaddhafi. Voix off : « L’ancien parrain du terrorisme s’offre, pour la première fois, une visite prestigieuse dans une grande capitale occidentale. Qui plus est, celle d’un pays qui l’a longtemps combattu. Se trouver, là, est pour lui un succès éclatant. Il ne s’en cache pas. » Muammar Gaddhafi avait été invité à Paris, en 1973, par le président français Georges Pompidou. Ce n'est donc pas la première fois qu'il vient dans la capitale ! En dehors de cette visite, à Paris, de Muammar Gaddhafi, Abdessalam Djalloud et différents secrétaires d’État au BPLE (Bureau Politiques des Liaisons Extérieures) ont séjourné dans la capitale. Par ailleurs, Muammar Gaddhafi était invité dans d'autres capitales, occidentales ou pas.
     
La berline blanche arrive dans la cour du Palais de l’Élysée. Muammar Gaddhafi passe devant la garde républicaine. Nicolas Sarkozy est présent au bas du perron et lui serre la main. Ils se tournent pour la photo. Muammar Gaddhafi brandit le poing gauche. Nicolas Sarkozy sourit en lui tenant la main droite. Voix off : « Le programme qu’on lui a concocté, n’en est-il pas la preuve ? D’abord, cette réception ici-même, puis à l’Assemblée nationale. Enfin, ce dîner de gala en son honneur. » Ahmed Gaddhaf El Dam (conseiller de Muammar Gaddhafi) : « Nous avons beaucoup apprécié qu’on nous serve du couscous à l’Élysée. C’était un message tout à fait positif. » Zohra Mansour (Diplomate libyenne) : « Il était très heureux de tout ce que le gouvernement français lui offrait. Il a été accueilli avec grande déférence. »

      Voix off : « Autant, alors, faire durer le plaisir. En France, l’usage diplomatique veut que les visites officielles durent trois jours. Le dictateur demande à prolonger son séjour de trois de plus. Une semaine en tout. » Jean-Luc Sibiude (ambassadeur de France en Libye) : « Je ne dis pas qu’il s’est invité mais il a demandé à rester à Paris et on lui a accordé, bien évidemment, puisqu’on souhaitait que ce soit, on souhaitait que cette visite soit, lui soit agréable. » Jean-David Lévitte (conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy) : « À chaque jour, il inventait un nouveau sujet de préoccupation. » Face aux hommes et aux femmes politiques, que les Français et Françaises entretiennent et qui étalent une balourdise intellectuelle quelque peu effarante, il est évident que Muammar Gaddhafi est une source de pensées, de paroles, d’actions extraordinaire. Jean-Luc Sibiude, en vrai diplomate… « Quand les Libyens vous disent : « Écoutez, je, pourrait-il, je souhaite aller à Versailles parce que j’ai toujours… enfin, rêvé, il est difficile de dire : « Ah ! Non, vous n’allez pas aller à Versailles. Non, non, c’est trop pour vous. »

     
Voix off : « Le touriste de marque fait privatiser le célèbre château royal. » Muammar Gaddhafi ne fait rien privatiser du tout (l’utilisation, ici, du mot « privatiser » est intentionnel)… Quand un homme, entouré d’une délégation, se déplace dans un pays invitant, il est normal que ce pays prenne des mesures de sécurité pour protéger et l’homme et la délégation qui se déplace avec lui. À Versailles, un guide explique à Muammar Gaddhafi... « C’est là que le Roi recevait les ambassadeurs. » Le Guide révolutionnaire, fidèle à ses origines, est un rien amusé… Voix off : « Avant de filer au Louvre, puis de réclamer d’autres divertissements encore. À des organisateurs quelque peu dépassés. » Muammar Gaddhafi est accompagné d’un petit groupe dont les femmes en armes. Il est habillé modestement d'un pantalon, d'un pull et d'une veste noir(e) et tient, dans sa main gauche, une sorte d’écharpe. Le mot « divertissements », pris dans son sens habituel, n’est pas très pertinent : Muammar Gaddhafi a toujours été intéressé par l’histoire. D’ailleurs, dans sa jeunesse, il a suivi des cours d’histoire dans une Faculté libyenne ; il lisait beaucoup d’ouvrages dans ce domaine et s’était intéressé à la révolution française. Jean-David Lévitte (conseiller de Nicolas Sarkozy) : « Il avait décidé de visiter Paris en bateau-mouche, par exemple. Vous imaginez ce que ça représente en termes de sécurité. Puisque il faut sécuriser les berges mais aussi les ponts. » Voix off : « Et pourquoi ne pas lui dire « non » tout simplement. » Jean-David Lévitte : « Difficile de refuser à une personnalité qu’on reçoit le droit de découvrir Paris en bateau-mouche. » Jean-Luc Sibiude, un petit peu amusé… « Je suis parti à la chasse à Rambouillet, alors que je n’étais pas chasseur moi-même puisqu’il y avait qu’un seul fusil : c’était celui de Kadhafi. Mais les services de sécurité étaient en place depuis 9 heures du matin pour bloquer mais pour bloquer au moment du passage du convoi. Le convoi est arrivé vers midi et demie, une heure. »


Françoise Petitdemange



25 avril 2015

13. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

13.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

 

4 - 12. Des déclarations insultantes…
à l’égard d’un invité

 

      Voix off : « Mais voilà qu’un grain de sable vient gripper le bel ordonnancement. Personne à l’Élysée ne s’est aperçu que le dictateur arrive à une date un peu particulière : « La journée internationale des droits de l’homme ». Or, le président a justement nommé une secrétaire d’État chargée de ce sujet-là. » Rama Yade : « J’ai essayé de demander un changement de date parce que le 10 décembre était symbolique. Y avait pas d’argumentaire. C’est, c’est, c’est comme ça. C’est comme ça. Et puis, heu, c’est décidé, c’est calé, heu, je n’avais pas à me mêler, heu, de la, du domaine réservé du président. »
     
« Paris. Décembre 2007. » Problème de dernière minute… Voix off : « Alors, à l’heure du laitier, ce lundi matin, la jeune secrétaire d’État frappe un grand coup. À un journal, elle lance : « La France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant [terroriste ou pas] peut venir s’essuyer les pieds [du sang] de ses forfaits », avant de rééditer à la radio… » Certains mots, maintes fois répétés à l’époque, ont été retirés du commentaire de ce documentaire : ils sont notés entre crochets. Voix de Rama Yade : « Personnellement, je me retrouve avec une journée des droits de l’homme sur les bras et Kadhafi sur le tarmac d’Orly. Donc, pour moi, c’est un problème. » Appelée à l’Élysée pour rendre des comptes, l’ex-secrétaire d’État aux droits de l’homme racontera plus tard : « Au retour de la radio, vers 9 heures-9 heures et demie, le président de la république m’appelle, en me disant de venir le voir à l’Élysée. Et il était silencieux, me tournant le dos, face à la fenêtre et le silence dure très longtemps. Puis arrivent les deux conseillers, là, Lévitte, messieurs Lévitte et Guéant, qui donc me sermonnent lourdement : « Vous vous rendez compte, son avion est dans le ciel français. Il veut pas atterrir. » Heu, bon, je lui dis : “Écoutez, ben, qu’il rentre chez lui.” Bon, après il me dit : « Ce n’est pas le moment de plaisanter. » Donc, j’ai arrêté de plaisanter et j’ai dit : « Effectivement, c’est très sérieux. » Et, heu, Nicolas Sarkozy les arrête et puis, heu, leur demande de me, ben, de préparer la suite avec moi, à savoir : « Qu’est-ce que je dis, maintenant. » Bon, ils m’ont envoyée sur Europe 1, heu, j’ai essayé de tourner autour du pot. Voilà. » Rama Yade, sans trop s’en rendre compte, donne, ici, la clef des embrouilles : « préparer la suite », « Qu’est-ce que je dis, maintenant. » « j’ai essayé de tourner autour du pot »… Voilà comment les citoyens et citoyennes de France sont… informé(e)s !

 

Françoise Petitdemange


25 avril 2015

12. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

12.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


4 - 11. Muammar Gaddhafi
et la délégation libyenne en France

 

      Vue sur une vaste salle avec des sièges occupés, disposés en cercle : EU Africa Summit. Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner sont présents. Voix off : « Cinq mois plus tard, en décembre. La femme du président est finalement partie. Le dictateur arrive. La veille de sa venue, les deux hommes se croisent à Lisbonne dans le cadre d’un sommet international. » Muammar Gaddhafi, vêtu de son habit traditionnel brun, et la tête couverte de sa chéchia noire, apparaît et serre la main d’un dirigeant africain. Puis, Nicolas Sarkozy s’avance vers le Guide, déjà installé, et lui serre la main : « Bonjour Monsieur Kadhafi. Je suis très heureux de vous recevoir en visite à Paris. » Un militaire s’approche du Guide pour lui faire la traduction ; celui-ci sourit sans répondre.
     
Voix off : « Mais le président va recevoir un dictateur resté fidèle à lui-même. Il vient de faire scandale en déclarant à un journal portugais » : « Il est normal que les faibles aient recours au terrorisme. » Lors de ce sommet de Lisbonne, 8 décembre 2007, Nicolas Sarkozy se montre très conciliant : « Permettez-moi de dire qu’il y a moins de problème à recevoir le président Kadhafi dont les services collaborent avec les services occidentaux dans la lutte contre le terrorisme, dont les infirmières ont été libérées dans un avion de la « République Française ». Pour le reste, il a sa personnalité, son tempérament ; c’est pas moi qui vais les juger. »

     
« 10 décembre 2007. » Voix off : « Au petit matin, ce lundi, on déroule le tapis rouge, par rouleaux entiers. Dans la cour d’honneur de l’Élysée, et en face, dans les jardins d’une annexe du Palais. Première dans les annales du protocole, on y a dressé une vaste tente bédouine. » Ahmed Gaddhaf  El Dam (conseiller de Muammar Gaddhafi) : « Oh, ils ont accepté toutes nos demandes. Le message de Gaddhafi pour sa première visite en Occident, après une longue période de rupture, c’était… « Ce n’est pas parce que je me rends en Europe que je change. ». » Voilà qui rappelle une fidélité du Guide révolutionnaire à ses convictions.

Françoise Petitdemange

 

25 avril 2015

11. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

11.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN
 

3 - 10. Voyage du président Sarkozy en Libye

 

      « 25 juillet 2007. » Voix off : « Deux ans après son premier séjour, le président est de retour à Tripoli. L’ambassadeur méritant et le chef du protocole libyen l’attendent au bas du tapis rouge. Il est accueilli en grande pompe et en terrain connu. » L’accueil libyen est cordial : « Bienvenue, soyez le bienvenu dans notre pays. » Le président français, Nicolas Sarkozy, répond : « Merci. » Puis le groupe marche sur le tapis rouge mis en place pour la circonstance.
      Voix off : « La libération des infirmières est, pour le président des droits de l’homme, un paravent commode. Qui s’offusquerait, en effet, de cette escale à Tripoli aux lendemains d’une si émouvante libération ? Il peut passer en toute quiétude aux choses sérieuses avec le dictateur. »
     
L’ambassadeur de France en Libye, Jean-Luc Sibiude, s’en pourlèche encore les babines… « Autant la première visite avait été un peu fade, discrète, je ne vais peut-être pas, enfin… Autant, là, ça a été la fiesta. Voilà ! »

      L’armée du peuple effectue la parade militaire devant le bâtiment bombardé en 1986 par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Muammar Gaddhafi sort d’une voiture. Voix off : « Dans le jardin de sa caserne, au pied d’un bâtiment laissé en l’état depuis le bombardement américain de 1986, c’est un dictateur en tenue d’apparat qui accueille le président et son importante délégation. Parmi elle, se trouve la jeune secrétaire d’État aux droits de l’homme, Rama Yade. » Le président Sarkozy est accompagné d’une « importante délégation ». En décembre 2007, les journalistes français critiqueraient le séjour de Muammar Gaddhafi qui, à Paris, serait accompagné d’une « importante délégation ».

     
Voici comment Rama Yade racontera la scène, comme pour rester fidèle à sa réputation de prétendue rebelle : « Arrivé à moi, il me serre la main. » L'image prise sur le vif, et insérée dans le documentaire, la montre à côté de Bernard Kouchner, et Nicolas Sarkozy tend la main vers elle pour la présenter. Quoi qu’elle dise, elle est toute souriante quand elle serre la main à Muammar Gaddhafi. « Et, heu…  et je lui serre la main, heu et heu… il me, enfin, il était d’ailleurs étrange, c’est, c’est, c’est… On n’aurait pas dit un président. » Effectivement. D'ailleurs... ce n’était plus un président depuis des décennies ! « Parce que il était habillé tout, un costume blanc avec, sur la poitrine, une carte de l’Afrique en plastique - voyez - noir, et puis heu des lunettes de soleil et puis ses cheveux tout mouillés ou ou huileux je sais pas trop et heu et puis donc heu il se pensait le représentant de l’Afrique. Moi, étant d’origine africaine, donc il a dû penser que on devait avoir une complicité particulière, et donc il me dit : « Mais comment, à trente ans, vous êtes ministre », et moi heu, du tac au tac, je lui réponds : « Mais vous, à vingt-sept ans, vous aviez bien fait un coup d’État. » Et, là, je vois le regard du président Sarkozy qui part dans tous les sens, et puis, lui, ça le fait rire manifestement. » Sur cette répartie de Rama Yade, en fait, Nicolas Sarkozy et l’interprète rient tout autant que Muammar Gaddhafi. Mais, manifestement, Rama Yade règle des comptes. Avec ses descriptions portant sur des détails de la personne de Muammar Gaddhafi, elle est à la limite de la xénophobie : les « cheveux huileux » font partie des vieux clichés d’une certaine époque… La jeune secrétaire d’État se prend pour une révoltée mais elle a beaucoup à apprendre : un coup d’État révolutionnaire, mené, sans effusion de sang, par des militaires et des civils qui mettront en place, très rapidement, des structures politiques et économiques horizontales et qui transmettront directement, huit ans plus tard, le pouvoir au peuple, ne peut se confondre avec un coup d’État réactionnaire, sanglant, mené par des militaires pour accaparer le pouvoir et opprimer le peuple, comme l’ont fait Francisco Franco ou Augusto Pinochet, soutenus par les dirigeants occidentaux.

    
Voix off : « L’heure est à l’idylle. Surtout lorsque vient la signature d’une dizaine d’accords de coopération. »
    
Bernard Kouchner et Abdel Rahman Shalgham en sont à signer des actes. Ils rient tous les deux. C’est rare de voir Bernard Kouchner rire… Abdel Rahman Shalgham dit : « Et, je signe, moi. » Bernard Kouchner, en riant : « Oui, mais, alors, vous avez (sali ?) l’acte. » Bernard Kouchner s’exclamant : « Il y a je ne sais pas combien de documents. Mais, qu’est-ce qu’on signe comme accords ! Oh, je ne m’en plains pas ! » La diplomate libyenne, Zohra Mansour, rapportant les propos de Muammar Gaddhafi, montrera à quel point la Libye faisait confiance à la France : « Auparavant, c’est moi qui avais été chargée de rédiger ces accords. Le Guide m’a dit, textuellement : « Zohra, s’agissant de la France, il ne faut pas t’inquiéter. Sarkozy est notre ami. Tout va bien pour nous. ». »

    
Voix off : « L’accord sur la défense, en particulier, a de quoi réjouir le dictateur. La France entraînera ses forces spéciales et lui fournira les armes les plus modernes. À la suite de ce rapprochement, les Français lui vendront même un système de surveillance d’Internet qu’il utilisera pour traquer ses opposants. » Ce n’est qu'un procès d’intention… Voix off : « Ceux-ci, il est vrai, pèsent à l’époque fort peu dans la balance. » Les deux signataires se lèvent et se serrent la main tandis que le groupe applaudit. Muammar Gaddhafi invite Bernard Kouchner à toucher la carte de l’Afrique qu’il porte sur sa veste ; ce que fait Bernard Kouchner avec plaisir.
    
Les contrats sur l’armement ? Henri Guaino a la réponse : « Quand vous faites des contrats de ventes d’armes, vous imaginez bien que le gouvernement peut effectivement les utiliser d’une autre manière que pour préserver l’indépendance, l’indépendance nationale. Bon ! Voilà. Mais faut-il donc ne plus vendre d’armes à quiconque ? Mais faut-il donc ne plus vendre d’armes à quiconque ? Vous trouverez toujours quelqu’un pour leur vendre des armes. Et, heu, voyez, là encore, c’est la difficulté, difficulté morale de tout cela. Mais le monde est comme il est. » Trois ans plus tard, le président Nicolas Sarkozy fera voter une résolution à l’ONU (Organisation des Nations Unies) qui interdira à tout avion libyen de décoller ; il sera ainsi plus facile de détruire les avions au sol et tout le dispositif de défense, empêchant ainsi le peuple libyen de préserver l’« indépendance nationale » si chère à monsieur Guaino.

    
Tandis que retentit « La Marseillaise », les deux hommes sont au garde-à-vous. Le président Nicolas Sarkozy grimace sous le soleil libyen : manifestement, il est en difficulté. C’est le moment, ici, de se souvenir de la description, sous forme d’une critique, faite plus haut par Rama Yade, à l’encontre de Muammar Gaddhafi : « et puis heu des lunettes de soleil ». Muammar Gaddhafi, lui, s’il porte des lunettes, c’est pour protéger ses yeux des rayons qu’il sait implacables. Beaucoup plus grave… Au fond de l’image, se trouve le « Monument de la souffrance du peuple libyen » qui a été érigé à la mémoire des victimes des bombardements britanniques et états-uniens, d’avril 1986, effectués en guise de représailles contre des actes terroristes attribués à la Libye dont la culpabilité n’a jamais été prouvée. Muammar Gaddhafi invite Nicolas Sarkozy à avancer. Après la signature des accords…
    
Voix off : « Pour le président, ces accords sont de moindre importance à côté du dossier qu’il a prévu d’évoquer dans quelques minutes avec le dictateur : sa chère Union pour la Méditerranée. Après deux mois de présidence, elle semble à portée de main. Il a besoin toutefois du soutien déterminant de son hôte. »
    
Muammar Gaddhafi et Nicolas Sarkozy se dirigent vers la tente. La modeste tente où sont installé(e)s, à une table portant deux plateaux de mets de réception, la dame interprète, Nicolas Sarkozy et, invisible de suite, Muammar Gaddhafi. Claude Guéant s’étire de tout son long, avec une indescriptible impolitesse, par-dessus l’un des plateaux et en faisant fi de l’interprète, pour chuchoter quelque chose en direction de Nicolas Sarkozy. Muammar Gaddhafi demande, par un petit signe, à des personnes restées à l’extérieur, de parler moins fort, sans doute des journalistes.

    
Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, en est resté aux vieux clichés : « C’était un axe majeur de sa politique étrangère. Lui arrivait avec un esprit cartésien et une discussion structurée en tête. En face, l’interlocuteur n’était pas dans les mêmes dispositions intellectuelles, disons. » Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, tente d’oublier sa déconfiture du moment… « J’ai le souvenir d’une scène de théâtre, de de d’une d’une incommunication flagrante, d’une comédie jouée par Mouammar Kadhafi. » Voix off : « Avec tout l’enthousiasme dont il est capable, le président expose sa vision géopolitique au maître des lieux à qui il offre de le rallier. » Bernard Kouchner : « C’était un sphynx. Il répondait pas. Ou il disait trois-quatre mots en arabe. Sans rapport du tout avec la discussion qu’on voulait avoir avec lui. Il y avait des éclairages sur ce qu’on pouvait lui vendre. En général, c’était je sais pas quoi, des armes anti-chars ou je ne sais pas quoi. Et nous, nous ne savions pas. Il fallait qu’on prenne des conseils. » Voix off : « Le dictateur élude. Bernard Kouchner recentre la discussion avec un peu d’insistance. » Jean-Luc Sibiude (ambassadeur de France en Libye) évoque ce moment particulier : « Le président l’a repris en disant pratiquement, disant à Kadhafi : “N’écoutez pas ce que dit mon ministre des Affaires étrangères.” Non, Sarkozy voulait une visite qui se passe bien. Bon ! Il disait : “Je suis là pour faire plaisir à mon hôte qui m’a fait, donc, heu, autant ne pas lui compliquer, ne pas évoquer les choses dans le détail.” En gros, le président a dit : “On verra, on vous précisera les choses, les grandes lignes, tout ça.”. »
    
Voix off : « Lorsqu’il quitte la tente, le président ne doute pas de gagner son hôte à sa cause. Le dictateur, lui, masque sa déception. Il escomptait un président acquis à ses rêves africains. Il reçoit un ambitieux qui lui demande de se rallier à un projet concurrent. » Ahmed Gaddhaf  El Dam, quant à lui, explique le point de vue, non de Muammar Gaddhafi, mais du « nous » libyen : « Nous, nous pensions que Sarkozy avait pris en compte le projet que nous avions impulsé en Afrique. Et, là, nous constatons qu’il cherche juste à se donner un rôle historique, qu’il veut être le chef. »

    
Jean-David Lévitte : « Kadhafi, il a toujours eu cette ambition un peu fantasque, mais enfin, de rassembler l’Afrique ou, en tout cas, une partie de l’Afrique, et il a essayé d’atteindre cet objectif, plus par l’ingérence que par la coopération. Donc, notre message, assez évident, était de lui dire : « Puisque vous avez renoncé au terrorisme et aux armes de destruction massive, renoncez aussi à l’ingérence, à la déstabilisation de vos voisins. ». » En quoi l’idée de « rassembler l’Afrique », à travers les chefs des États et les peuples, était-elle plus « fantasque » que l’idée d’États-Unis d’Amérique (au XVIIIème siècle), d’Union Européenne (au XXème siècle) ?
     
L’Union Européenne, n’était-elle pas un projet, sinon « fantasque », du moins anti-démocratique, manigancé en dehors des peuples ? Le vote des peuples - et notamment du peuple français - “pour ou contre le traité constitutionnel européen”, n’a-t-il pas été… bafoué, nié ? Contrairement à la réalisation de l’Union Européenne, la création des États-Unis d’Afrique était le fait, non seulement de la Libye mais aussi des autres États africains. L’OUA (Organisation de l’Unité Africaine), moribonde, a transmis le flambeau à l’UA (Union Africaine) : tous les États africains étaient invités (et non une partie de l’Afrique) ; il y avait des Sommets africains, d’année en année, pour mettre en place la Constitution avec « les droits de l’homme et des peuples » et les Institutions préparant la création des États-Unis d’Afrique. Contrairement à ce que prétend Jean-David Lévitte, l’Union Africaine, qui devait ouvrir sur les États-Unis d’Afrique, était un projet commun aux États et aux peuples africains ; certainement pas une « ingérence » de Muammar Gaddhafi ! Dans le cadre de la construction des États-Unis d’Afrique, en quoi une « ingérence » ou une « déstabilisation » de Muammar Gaddhafi, aurait-elle été bénéfique ?
      En 2010-2011, quel chef d’État a fait de « l'ingérence » dans les pays africains et par rapport aux peuples africains : Côte d’Ivoire, Tunisie, Égypte, Libye… ? Sinon le président français Nicolas Sarkozy, toute sa clique gouvernementale, et quelques pseudo-intellectuels qui n’avaient à se mêler ni des affaires politiques de la France, ni des affaires politiques de la Libye. C’est la volonté d’une grande partie du continent africain qui allait être bafouée, en 2011, par les puissances occidentales qui n’ont jamais pu renoncer à leurs colonies et donc à l’emprise qu’elles exerçaient sur les pays africains pour mieux voler les richesses du continent qu’elles continuent à voir comme une caverne d’Ali Baba, qui leur appartient nécessairement, puisqu'ils en sont les quarante voleurs.

    
Voix off : « Trop sûr de lui, le président mésestime les ambitions du roi des rois d’Afrique. Bref ! L’entrevue se révèle un jeu de dupes. Chacun se méprenant sur les intentions de l’autre. » Cette dame, sait-elle ce qu’elle dit, dans le commentaire ? Sait-elle ce qu’est ce titre, non pas que Muammar Gaddhafi s’est donné lui-même, mais que lui ont donné les chefs des autres États africains ? Voix off : « De retour vers la France, il reste à l’hyper-président, comme on commence à le surnommer, à honorer une promesse : la visite officielle qu’il a offerte au dictateur. Il convient qu’elle renforce son entente avec lui et parachève sa grande offensive diplomatique de début de mandat. »

 

Françoise Petitdemange


24 avril 2015

10. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

10.
DE LA
PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

2 - 9. L’« affaire des infirmières bulgares »

 

      « Juillet 2007. » Voix off : « En ce début de quinquennat, tous les chemins le mènent en Libye. Il s’attelle sans tarder à son Union pour la Méditerranée, s’efforçant de convaincre les chefs d’État de la région d’y adhérer. Il a aussi en tête les grands contrats qu’il pourrait obtenir de la riche Libye. Lui qui a promis de ramener milliards et emplois aux entreprises françaises. Et puis, cerise sur le gâteau : il saisit l’opportunité de réaliser un bon coup de communication qui contribuerait à sa gloire. » Des images montrent les infirmières bulgares et le “médecin palestinien” derrière des barreaux. Deux des infirmières sont bien maquillées et bien habillé(e)s. Elles et leurs consœurs, ainsi que le « médecin palestinien » - en réalité, il était étudiant en médecine, dans sa dernière année d’internat - ne paraissent pas très marqué(e)s - ni sur leurs visages, ni dans leurs corps - par les nombreuses tortures de toutes sortes qu’il-elles auraient subies, qui ont été décrites, avec force de détails, dans certains livres, et qui, si elles avaient été subies, ne les auraient pas laissé(e)s vivant(e)s.

     
Voix off : « À Tripoli, en effet, l’imprévisible Guide libyen a suscité un nouvel obstacle dans ses relations avec l’Occident. Il détient cinq infirmières bulgares dont le calvaire émeut l’opinion internationale. Injustement accusées d’avoir inoculé le virus du sida à des enfants, torturées, elles viennent d’être condamnées à mort. » « Il détient »… Muammar Gaddhafi ne détient pas ces infirmières, pas plus que l’étudiant en médecine, né en Égypte en 1969 et vivant en Libye depuis 1972, dont il est permis de se demander pourquoi il a été présenté partout comme un « médecin palestinien ». Ce personnel médical étant soupçonné de faits très graves puisque des enfants meurent du sida, une enquête s’est avérée nécessaire. Dans la Libye révolutionnaire, ce n’est pas la loi de la jungle ou la loi de l’arbitraire : il y a une justice populaire avec des tribunaux… La commentatrice va un peu vite en affirmant que les infirmières étaient « injustement accusées »… d’autant qu’elles et le prétendu médecin palestinien manifestaient un comportement plus qu’étrange. L’étudiant en médecine et certaines infirmières se livraient à d’importants transferts d’argent, qui n’avaient rien à voir avec le montant de leurs rémunérations : d’où venait cet afflux d’argent ? contre quels services rendus, à qui ou à quel pays ? Il-elles détenaient de l’alcool ostensiblement. Bref, il-elles contrevenaient aux lois civiles et bafouaient les lois religieuses de la Libye (pays d’accueil pour les infirmières bulgares). L’affaire étant extrêmement grave, les juges libyens prennent leur temps pour statuer sur le sort de ce personnel hospitalier : « Nous déférerons l’affaire devant la cour d’assise,[à Benghazi]. » À noter le « nous »… (Les mots entre crochets n’ont pas été traduits dans le documentaire.)

     
Voix off : « Depuis des mois, l’Union européenne négocie leur libération avec le dictateur. » Voix off : « En ce mois de juillet 2007, la commissaire aux relations extérieures est sur le point de réussir. » Benita Ferrero-Waldner (commissaire européenne) : « Dans une journée, parce qu’ils changeaient toujours tout, on a négocié ça. Et c’était prêt à signer. Et là, nous voulions signer. Et tout à coup, les Libyens, ils avaient coupé tout. Et ils voulaient savoir : « Oui, on n’est pas sûrs. ». » La commissaire européenne a l’honnêteté de dire : « les Libyens » et non Muammar Gaddhafi. Les Libyens avaient différentes raisons de se méfier… Ils venaient de sortir d’un long embargo et, maintenant, leurs enfants mouraient à l’hôpital… à Benghazi, là où il y avait des opposants à la démocratie directe. « Nous avons fait le travail. On ne savait pas que Sarkozy négociait derrière. »
     
Voix off : « Car à l’Élysée, dans la plus grande discrétion, entouré de sa seule garde rapprochée, Jean-David lévitte, son conseiller diplomatique, Henri Guaino et l’indispensable Claude Guéant, le président joue en personne les négociateurs. » Donc, à quoi servait la commission européenne ? L’ambassadeur de France en Libye, Jean-Luc Sibiude, donne quelques détails : « On me passait un coup de téléphone. Le président Sarkozy voudrait parler à Kadhafi. Dis-nous où se trouve Kadhafi, à deux heures de l’après-midi ou à cinq heures de l’après-midi. Et c’est comme ça que les choses se passaient. Et ça, j’ai eu au moins quatre ou cinq coups de téléphone » Henri Guaino (conseiller de Nicolas Sarkozy) : « Pour les sauver, eh bien, il fallait aussi accepter en contrepartie, d’abord, de discuter avec le colonel Kadhafi. »

     
L’ambassadeur, lui, connaît le Guide libyen un peu mieux que ses compatriotes de la politique : « Ça a beaucoup joué ça, enfin, parce que Kadhafi se sentait considéré. Quand vous recevez un coup de téléphone, quand vous recevez un message écrit, c’est une chose… mais qu’ensuite, vous voyez trois ou quinze jours après, nouvel appel, etc., à trois-quatre reprises, ça marque. Surtout avec ces pays-là qui, quand même, sont des pays où la relation humaine est fondamentale. »
     
Voix off : « Pour devenir le libérateur des innocentes infirmières, le président est prêt à offrir beaucoup. Il sait que le dictateur rêve d’effectuer une prestigieuse visite officielle en Occident pour marquer son retour sur la scène internationale. » Les infirmières bulgares et le “médecin palestinien”, ou plutôt l’interne égypto-libyen, devenu bulgare, ont été libéré(e)s mais leur innocence reste à prouver… Car ces membres du personnel médical n’ont pas eu un comportement très clair dans cette histoire. Le conseiller, Henri Guaino : « C’est en échange du sauvetage des infirmières bulgares qu’a été fait la promesse de recevoir le colonel Kadhafi en visite d’État, en visite d’État à Paris. » Vraiment ? Mais n’y a-t-il pas eu autre chose ?

     
Voix off : « Le président accède à un autre désir cher au dictateur : affligé d’avoir dû renoncer à l’arme nucléaire, le Libyen veut posséder au moins une centrale nucléaire, symbole de puissance. Depuis des mois, il sollicite les autorités françaises jusqu’à présent circonspectes face aux caprices d’un dictateur réputé incontrôlable. » Ces propos sont inexacts : le peuple libyen avec le Guide - et non le Guide révolutionnaire tout seul - ont renoncé à l’arme nucléaire comme aux armes chimiques parce qu’ils considéraient qu’il fallait œuvrer en faveur de la paix et, donc, payer d’exemple, en renonçant à cette arme. Jusqu’ici, en la matière… le « dictateur incontrôlable » a plutôt été chaque dirigeant des États-Unis, en partant - pour ne pas remonter trop loin dans le temps - de celui qui a donné, en 1945, l’ordre de larguer les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, au Japon, pour arriver à celui qui a imposé un embargo à l’Irak : « pétrole contre nourriture », détruit le pays, massacré le peuple, fait mourir des enfants de faim et de maladies, pour avoir la peau de Saddam Hussein… Quant à la centrale nucléaire, le peuple libyen, n’avait-il pas le droit d’en avoir une, ne serait-ce qu’à des fins civiles ? Le peuple libyen, n’avait-il pas le droit de développer son pays ?
     
L’ambassadeur, Jean-Luc Sibiude, fait cette remarque : « Il y avait des gens qui étaient très, tout à fait opposés à s’aventurer, ou à s’engager - ce n’est pas une aventure - , à s’engager dans cette voie, même à pas comptés. Mais, là-dessus, le président de la république a arbitré parce que, là, à chaque reprise, dans les entretiens auxquels j’avais, auxquels j’ai assisté, le président, à plusieurs reprises, le président Kadhafi, ça lui tenait à cœur, ce point-là. » Un petit problème tout de même : le président Sarkozy, étant partie prenante dans cette affaire, ne pouvait guère arbitrer… À noter que ni Zohra Mansour, ni le cousin Ahmed Gaddhaf El Dam ne parlent de Muammar Gaddhafi comme d’un « président ».

     
Le conseiller du président Sarkozy, Henri Guaino, qui a rencontré le Guide libyen, en reste tout ébaubi : « C’était un personnage extrêmement intelligent, très manœuvrier, un homme de pouvoir très très efficace. Il a, heu, tiré tout le parti qu’il pouvait tirer de cette négociation. » L’ambassadeur, Jean-Luc Sibiude, lui, ne montre pas des Libyens particulièrement profiteurs : « Ils n’ont pas cherché à obtenir davantage. Non, les seuls, c’est, c’est l’accord de défense qui a fait un tout petit peu, un petit peu problème et, heu, parce que les Libyens voulaient une sorte de clause de défense, en disant que, en gros, s’ils étaient attaqués, la France devait venir à leur secours. Vous pensez bien qu’il n’en était pas question, de ça. Et je sais que mon homologue libyen m’a dit : « Je n’ai pas pu obtenir… » Et moi j’avais dit : « Ah non ! mais ça, c’est exclu, hein, il ne faut pas chercher. Je lui ai dit : « Tu… Ça ne passera jamais. » À noter que l’ambassadeur de France en Libye ne dit pas « Kadhafi », mais « Ils », « Les Libyens », « mon homologue libyen ». Par ailleurs, si « les Libyens voulaient une sorte de clause de défense », n’était-ce pas parce qu’après le carnage occidental en Irak, ils se savaient menacés ?

     
Voix off : « Le dictateur a obtenu presque tout ce qu’il pouvait espérer. Dans la nuit du 22 juillet 2007, le deal est scellé. » Voix off : « Quarante-huit heures plus tard, en Bulgarie, un avion de la « République Française » rend la liberté aux malheureuses. Des dizaines de journalistes sont venus retransmettre ce succès présidentiel. Ils découvrent alors qu’il comporte un inattendu volet conjugal. » Sans doute un journaliste : « Madame Sarkozy ! » Voix off : « Pour aller chercher les infirmières en Libye, le président s’est fait représenter par sa femme, Cécilia. Un geste envers le dictateur et, peut-être, même, plus que cela. » Mme Sarkozy apparaît accompagnée de Claude Guéant.
     
L’avis des femmes est, en Libye révolutionnaire, plus respecté qu’en Occident capitaliste. Dès après la Révolution du 1er Septembre 1969, les Libyennes ont pris une part active à la vie politique, économique et militaire de leur pays. Les Françaises bourgeoises sont à la traîne ; singeant les hommes, elles sont considérées, par les hommes politiques, comme celles qui veulent prendre leurs places ; quant aux Françaises de condition modeste, pas plus que les Français de même condition, même si elles-s’ils ont des capacités, elles-ils n’ont quasiment aucune possibilité d’accéder à des fonctions politiques de haut niveau : c'est la démocratie du “méritofric”. Ahmed Gaddhaf El Dam souligne la sensibilité des Arabes à ce que “femme veut” : « Et puis, on est des Arabes, vous savez. Il a envoyé sa femme à Tripoli. Ça compte. Il nous était difficile de refuser la demande d’une femme sur un sujet comme celui-là. »

     
La commissaire européenne, Benita Ferrero-Waldner, soulève un coin du voile et découvre que, décidément, les enjeux privés se dissimulent quelque peu derrière les intérêts publics : « Je crois, pour lui, c’était important, aussi, pour montrer à Cécilia que elle pouvait jouer un grand rôle si elle restait. Ça était un peu ce que j’ai compris quand elle était avec moi dans l’avion. » Bruno Jeudy (journaliste au Figaro) confirme les impressions de la commissaire : « Il espère, à travers l’affaire libyenne, qu’elle va trouver sa place et que, comme ça a marché, il imagine qu’il va pouvoir la garder, heu, la garder comme ça. » Voix off : « Baroque exercice du pouvoir où diplomatie et vie privée se mêlent. » Le président Nicolas Sarkozy arrive dans la salle, où est rassemblée la presse ; il paraît chercher quelqu’un, se retourne, trouve Bernard Kouchner qui se tient juste derrière lui, et s’exclame : « Tiens !... Ouais. » Bernard Kouchner se range à sa gauche, François Fillon et Rama Yade, à sa droite. Le président déclare tout de go : « Bon, mesdames et messieurs, je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation dans des délais aussi brefs. je voulais vous dire quelle était notre joie devant la fin de ce long calvaire qui a frappé cinq femmes puis vous comprendrez que je dise également que Cécilia a fait un travail tout à fait remarquable, que, pour être une phrase courte, elle n’en est pas moins très sincère. »

     
Voix off : « Deux mois seulement après son arrivée au pouvoir, le dictateur lui offre cette victoire diplomatique éclatante, de surcroît, parée de bons sentiments de toutes sortes, et ce ne sont pas les interrogations de la presse qui vont gâcher ce moment. » Une Journaliste ose la question qui peut fâcher : « On sait bien que rien ne se fait avec le colonel Kadhafi sans compensation. » Comme si de pareilles tractations entre d’autres chefs d’États se faisaient purement gratuitement … Le président Sarkozy : « Bon ! Si vous me posez la question : la France, a-t-elle versé un euro, ma réponse, c’est « non ! ». » Nicolas Sarkozy dit vrai : c’est monsieur Qatar qui a payé pour la France. (Cf. Les témoignages de certains négociateurs…) « De quoi s’agissait-il ? Il s’agissait d’arracher cinq malheureuses femmes à un sort bien peu enviable. Il y avait un problème à résoudre, on l’a résolu. Point ! »
     
À propos de la solution apportée à ce qui a été appelé « L’affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien », Ahmed Gaddhaf El Dam s’exprime en ces termes : « Pour servir nos intérêts dans notre projet africain, nous avions décidé de soutenir Nicolas Sarkozy dans cette affaire. Par tous les moyens ! En l’occurrence, nous voulions lui donner une carte à jouer. » À noter que Ahmed Gaddhaf El Dam dit « nous » et non « le colonel Gaddhafi ». À noter aussi cette expression : « Par tous les moyens ! » Voix off : « Cette carte, le président va venir la jouer en Libye. Dès le lendemain. »

 

Pour plus d’informations sur ce qui a été appelé « L’affaire des infirmières bulgares », se reporter au blog de Michel J. Cuny
http://kadhafi.canalblog.com/
Cf. Fin du texte, n° 39


 
Françoise Petitdemange


24 avril 2015

9. DE LA PAIX A LA GUERRE... CONTRE LE PEUPLE LIBYEN

9.
DE LA PAIX À LA GUERRE...
CONTRE LE PEUPLE LIBYEN


1 - 8. Le peuple libyen, avait-il contribué à la victoire ?


      Voix off : « Le 28 mai 2007, l’un des tout premiers dirigeants du monde à qui le président français, tout juste élu, téléphonait longuement était le chef d’un petit pays d’Afrique du Nord. »
Outre que Muammar Gaddhafi n'était pas « le chef », mais le Guide révolutionnaire, qu’est-ce qu’« un petit pays » ? Sur le plan géographique… la Libye a une superficie égale à plus de deux fois et demie la France. Autrement dit… Ce « petit pays » a une superficie qui équivaut à la superficie d’une petite Europe, même s’il est alors peuplé de six ou sept millions d’habitant(e)s.

      Muammar Gaddhafi : « Monsieur Sarkozy, je vous félicite pour votre élection. Vous méritez la confiance du peuple français. » Sans doute, Nicolas Sarkozy, sait-il s’il doit quelque chose à la Libye. En tout cas, il n’est pas question de « dictateur » : « Monsieur Kadhafi, je suis enchanté de vous parler. Je n’ai pas oublié notre rencontre. Je garde un excellent souvenir de la qualité de vos analyses. Vous méritez amplement votre titre de Guide. » Nicolas Sarkozy dit : « votre titre de Guide ». Muammar Gaddhafi, confiant : « Je suis rassuré d’avoir, avec vous, un ami en Europe. Je vous sais ambitieux et volontaire. Nous ferons beaucoup de choses entre nos deux pays. » Voici, en tout cas, un Nicolas Sarkozy très affable : « Oui, monsieur le Guide. J’espère vous recevoir en France ou me rendre en Libye. » Et, pour finir… « Je vous exprime mes respects et mon amitié, monsieur le Guide. »

 

Françoise Petitdemange

 

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